Savoir #2 : Le cheval face au froid

Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel article de saison ! Nous allons bien évidemment aborder la question du froid chez nos amis les équidés. On a entendu de tout ces derniers jours, à cause de cette vague « Moscou – Paris » et il serait bon de fixer les choses une bonne fois pour toute ! Sors tes mouffles, on part en expédition !

Le cheval face au froid

Avant tout, il faut se rappeler que le cheval est un animal qui vit en pleine nature, il est donc habitué aux variations de température, puisque sa zone de confort se situe entre 5° et 25°. C’est une zone dite de « confort » donc dans laquelle il n’a pas besoin de fournir d’effort supplémentaire pour avoir froid ou chaud. En dehors de ces températures, le cheval doit, effectivement, fournir plus d’efforts pour maintenir leur température : se nourrir davantage pour se tenir chaud ou alors boire davantage pour faire baisser sa température corporelle. La nature est bien faite et les espèces s’adaptent à leur environnement ! Alors pas d’inquiétude et surtout, pas d’anthropomorphisme (promis, un article va arriver sur ce thème) !

Dans un premier temps, le cheval s’adapte, il aura certes un peu froid, car il a besoin d’un temps d’adaptation. Ce temps est généralement celui du changement de saison (mais bon, il n’y a plus de saison ma pauvre dame !), donc entre 10 et 20 jours. Pendant ce laps de temps, il va faire plus de poils (on va voir comment après), il va se nourrir davantage pour compenser le froid, et réduire ses activités qui lui demandent trop d’énergie. Il va adapter son comportement également et sa façon de se nourrir. C’est à ce moment-là qu’il faut faire attention à la prise ou perte d’état, afin de prévoir des compléments alimentaires ou non. En fonction de l’âge, la condition physique, l’état de santé,… Tous les paramètres sont à prendre en compte pour définir si oui ou non, il y a besoin de complémenter l’alimentation de son cheval.

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Mais comment le cheval se protège du froid ?

Il fait comme nous : il mange plus ! C’est une conséquence directe du froid sur leur organisme, les chevaux ont besoin de se nourrir davantage afin de faire plus de graisse et ainsi résister au froid. Il faut également noter que le cheval se réchauffe en mangeant, et oui ! C’est pratique ! L’activité de digestion augmente la température corporelle du cheval et donc lui permet de maintenir plus facilement sa zone de confort. Le cheval va également « faire son poil », expression qui prend tout son sens quand on comprend ce qu’il se passe physiquement. Les chevaux ont la capacité de dresser leur poil, la « pilo-érection » qui augmente l’effet isolant du poil et donc laisse beaucoup moins passer l’air froid. Ils ont également un réflexe comme le notre, ils frissonnent ! Ce réflexe permet de produire de la chaleur et peut être fait pendant de longues minutes. Son système vasculaire va également rappeler le sang des extrémités (oreilles, sabots ou bout du nez) vers les organes vitaux et ainsi éviter toute déperdition de chaleur inutile.

Évidemment, grâce à l’évolution de l’espèce, les corps et les mentalités ont été modifiés et aujourd’hui, le cheval est totalement capable de s’adapter au froid et les changements de saison sont le moment idéal pour eux. Il faut bien évidemment adapter et surveiller ces changements de saison pour éviter toute perte d’état. Certaines races sont plus résistantes au froid comme les chevaux de traits ou les races qui vivent dans les pays nordiques comme les Frisons par exemple.

Comment aider mon cheval à se protéger du froid ?

Il faut avant toute chose, l’observer. Voir s’il se nourrit correctement et suffisamment, de même pour l’hydratation. Les températures étant plus froides et l’eau pouvant geler, il ne faut pas hésiter à proposer un seau d’eau à température ambiante afin qu’il puisse maintenir son niveau d’hydratation. Une mauvaise hydratation peut engendrer des troubles digestifs pouvant aller jusqu’à un bouchon oesophagien ou des coliques. Pour vérifier si ton cheval est bien hydraté, attrape un peu de peau sur son encolure et relâche-la. Vois si la peau reprend bien sa place à une vitesse normale. Si ce n’est pas le cas et que le pli a du mal à se lisser, c’est qu’il manque d’eau !

Au niveau de la nourriture, il lui faut évidemment, du foin de bonne qualité, avec des fibres hautement digestibles, qui vont lui permettre de se réchauffer et de produire de l’énergie. Pour un cheval au travail, on peut ajouter des compléments alimentaires mais toujours de bonne qualité ! Lis bien les étiquettes ! Il vaut mieux mettre un peu plus d’argent dans un complément que de bousiller le système digestif de son cheval. Il est également possible de faire soi-même ses compléments, je ferai un article plus général sur l’alimentation d’ici quelques semaines. On oublie bien évidemment pas les apports en minéraux et sel, qui vont permettre une meilleure assimilation des autres aliments.

Un abri peut également lui permettre de se protéger du vent et de la pluie. Il faut bien veiller à ce que cet abri soit accessible, suffisamment grand et que l’ouverture soit du côté le moins exposé au vent. Cet abri peut également être naturel, comme une haie suffisamment haute ou des arbres qui formeraient une mini forêt dans le pré. Attention au risque de blessure !

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Et les chevaux tondus ?

Les chevaux qui ont une activité physique modérée à intense sont souvent tondus afin de sécher plus rapidement après le travail. Il est important de prendre le temps de préparer physiquement et mentalement son cheval avant le travail. Ne pas enlever sa couverture trop rapidement, afin d’éviter qu’il attrape froid. Les chevaux sont sensibles aux courants d’air donc bien préparer son cheval au sec et à l’abri est indispensable. De même, après le travail, il faut bien vérifier qu’il n’y a pas de blessure et attendre que le cheval sèche entièrement avant de lui remettre sa couverture et de le rentrer au box ou au pré. En effet, une fois au box ou au pré, il n’aura plus la même activité physique et donc sa température corporelle va rapidement descendre. C’est à ce moment-là qu’il peut attraper froid.

Le fait de tondre son cheval n’est pas anodin. C’est modifier sa façon de vivre et de s’adapter à son environnement. C’est un véritable bouleversement physique et mental auquel le cheval doit s’adapter. On a vu plus haut que la nature fait bien les choses et que donc un cheval est capable de résister au froid en compensant par la nourriture, entre autre. Il est primordial de s’interroger sur le bien fondé (ou pas) de cette tonte. Est-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que pendant les périodes froides, il ne serait pas plus judicieux de faire des séances plus courtes et moins intenses physiquement ?

C’est une véritable question qui se pose chaque année et j’ai simplement envie de répondre qu’il faut apprendre à connaitre son cheval pour comprendre ce qui est bon pour lui, au delà de notre propre façon de voir les choses et nos propres croyances.

Références :

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10 réflexions sur “Savoir #2 : Le cheval face au froid

  1. Très bon article! C’est vrai que ces derniers jours, je voyais de tout sur FB. Les gens oublient souvent que les chevaux sont résistants, il suffit juste de leur donner du foin à volonté pour qu’ils passent la période en toute sérénité. 😀

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  2. Généralement en hiver il n’y a pas de concours (ou très peu), toutes disciplines confondues, donc il n’y a, selon moi, pas grand intérêt de faire des séances hyper intenses…puis c’est pas comme si nous non plus n’avions pas envie de sortir, du coup la personne va moins travailler son cheval mais de façon intense pour compenser les séances manquées…sauf que ça ne marche pas comme ça en fait ^^ (je me base sur pas mal de proprio de là où je suis qui fonctionnent comme ça)…on ne peut pas s’entraîner à un marathon en courant 20km une fois dans la semaine parce qu’on ne cours pas 3km par jour, ça n’a pas de sens, bref.
    Petite séance, travail à pied…et le fait de laisser sa couche de poils limite les accidents….bah oui, pas de pétage de câble pour se réchauffer si il est déjà au chaud 😉

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  3. Super article ! Il est temps que certains cavaliers se décident à lire quelques blogs pour comprendre un peu leur chevaux …

    En tout cas j’ai un bel exemple d’adaptation avec ma ju’ qui vient de Floride, donc habituée pendant 5 ans aux hivers à plus de 20°C, et qui passe l’hiver en Picardie sans aucun souci.

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  4. Un très bon article (oui, je sais j’arrive toujours 30 ans après la date de publication ! ^^) !

    Et je pense qu’il sera encore de mise de le rappeler cette année ! Bon nombre de propriétaires devraient se poser la question de la gestion du froid par leurs chevaux. Et cette année encore les opinions vont diverger à ce sujet.

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